Historique des carrières du Coglais.




Historique des carrières : juin   2016


Mis à jour et conçu par Alain Morel tailleur de pierre. 






Histoire du granit et des                                 Carrières de Saint Marc le Blanc et du Coglais.

Géologie: 

Le granit est une roche éruptive , dite magmatique à refroidissement lent , le magma a refroidi lentement , c'est  une roche grenue ( les cristaux sont  visiblent à l’œil nu )
il est composé des minéraux suivants: 
Le quartz très dur , le feldspath dur, et le mica tendre + des oxydes de fer.


Granit du Coglais

De toutes les roches identifiées à la surface du globe , le granit est avec le basalte , la plus répandue , présente sur tous les continents .
Le granit du pays de Fougères s'est formé à 4 km de profondeur , il y a plus de 540 millions d'années. L'érosion l'a amené au grand jour : avec lui on retrouve les entrailles d'une chaîne de montagne, la chaîne cadomienne . La roche cornéenne est issue de cette cuisson des roches qui entouraient le granit, cuisson qui a duré 150 à 200 millions d'années .

.Historique :

A Saint Marc le Blanc le travail de la pierre , essentiellement le granit , remonte à la période Gallo Romaine , en effet au II et III siècles des gisements
de granit ont été utilisés pour tailler certaines bornes militaires qui balisaient les voies Romaines et servaient à indiquer les distances à partir des villes. 





Un peu plus tard la carrière du Rocher Guy à Saint Marc le Blanc ( rebouchée depuis très longtemps) fournira de la pierre pour la reconstruction de Rennes après l'incendie de 1720 . 

Pour la ville de  Rennes , les granits employés proviennent principalement des carrières situées dans la partie méridionale du Coglais   (Saint Marc le Blanc , Saint Hilaire des Landes ) distantes à une trentaine de kilomètres de la capitale Bretonne, ces granits du type dit " Breton " ou gris bleuté comme " le Vire " étaient réputés pour leur dureté , cependant leur acheminement  possible par voie terrestre , se montrait difficile en raison du mauvais état des chemins et des routes qui de surcroît n'étaient praticables que de la " Saint Jean à la Toussaint " c'est à dire six à sept mois de l'année.
On a donc fait appel , en complément à la pierre de Péaule (56) proche de Redon et de la Roche Bernard , de qualité moindre , et surtout beaucoup plus éloignée , cette pierre avait en revanche le grand avantage de pouvoir être véhiculée par voie d'eau ( la Vilaine ) jusqu'au cœur de la ville de Rennes . 

La carrière du Rocher Guy fournira les colonnes du vestibule du présidial de la ville de Rennes ( Ancien tribunal civil et criminel) actuelle mairie .
.



A partir de 1880 des dizaines de carrières seront ouvertes dans le pays de Fougères. 








carrière Saint étienne en Coglès 



Carrière du " bois louvel " exploitée par Toussaint Morel à droite de la photo, année 1910 .
                                   
En 1836 dans la commune on déjà 14 tailleurs de pierre à temps complet, sans compter les paysans qui participaient certainement de manière saisonnière à l'activité. 

Ces travailleurs du granit furent surnommés du terme générique de "Picaous" 
ce terme se réfère au bruit de la massette tapée en rythme sur la pierre. 


Carrière de la Maladrerie 1936 , Eugène Morel au centre du groupe avec une massette sur l'épaule .

Le schéma général d'une carrière distinguait le plus souvent deux zones d'activités : d'une part , le fond , bordé par le ou les fronts de taille , plus ou moins élevés, d'autre part , le plateau de travail ou s'effectuaient la fente des blocs et le façonnage des morceaux .
Mais plusieurs contraintes naturelles déterminaient localement les aménagements et les pratiques par rapport à un tel schéma . L' une d'elle était liée à la structure des gisements . Selon que le granit se présentait de manière fragmentée ou par bancs traçant de longs lits rocheux séparés par des diaclases horizontales (fractures rocheuses laissant pénétrer l'eau )  comme à la carrière de la Maladrerie exploitée par la famille Morel.








L'entreprise Règnault situé à la gare de Saint Etienne en Coglès exploitait une carrière de granit et une usine très moderne  pour l'époque de fabrication de monuments funéraires dans les années 30 elle avait à l'époque comme partenaire financier les " cirages Lion Noir " cette société novatrice  pour l'époque comme peuvent témoigner ces cartes postales d'époques à du fermer son exploitation au début des années 40 les investisseurs avaient retiré leurs actions !!!!













 Maison du peuple : 

Le 10 juin 1923 , Madame Marine Joseph et son mari Constant Brion vendent à la chambre syndicale des ouvriers granitiers , un logement dit " le cellier" dans le bourg de Saint Marc ,  situé plein sud , construit en pierres et couvert en tuiles et essentes pour une somme de 400 Francs .
En janvier 1939 , sont crées les chambres syndicales des ouvriers carriers de Saint Hilaire des Landes et de Saint Marc le Blanc .
les réunions syndicales se déroulaient dans ce local regroupant parfois plus de 150 picaous ! 
Cette petite maison appartenait à la CGT , elle vient d'être vendue en 2013 à un particulier , le syndicat de Saint Marc le Blanc fut très actif dans les années 30, 40, 50 , 60 , 70 pour s’essouffler dans les années 80 !!

C'est malheureusent un patrimoine locale qui disparait!!!!  Cette maison du peuple était la dernière en Bretagne , après la disparition de celles : 
Du Rocher Abraham à Lanhélin , de Louvigné du désert, du Hinglé , de Pérros guirec , tout un symbole ouvrier qui se sont battus pour garder une certaine dignité ! 





                                     Maison du peuple décembre 2013

Le granit de Saint Marc avec celui de Lanhélin furent  utilisés  pour la fabrication des gros morceaux du canal d'Ille et Rance à Hédé (35) 

Au début du siècle le granit du Coglais fournira beaucoup de cimetières Parisien ( le Père Lachaise) entre autre. 

En 1960 dans le Coglais regroupant les communes suivantes : 
Saint Marc le Blanc , Saint Brice en Coglès , Saint Germain en Coglès , Saint Hilaire des Landes, Baillé, Le Tiercent, Montours, Coglès , IL existait 70 entreprises travaillant la pierre avec des effectifs allant de 2 à 60 ouvriers ce qui représentait l'industrie principale de la région , avec les manufactures de chaussures de Fougères. 

      Granitiers à Saint Marc dans les années 60 : 

  Simon Gilet, la coopérative les granitiers réunis, Biheux Maurice, Lecoublet     Louis, Hélaudais Jean Marie, Dubois Pierre, Lambert Roger, Morel Eugène,      Morel Lucien, Lemé Françis, Brault Pierre.

 A Baillé : Rébillon Emile, Hermenier Paul, Guida Jules, Couillard 

  Au Tiercent : Bertrant Armand, Hermenier Pierre, Dupont Alexandre. 

  A Chauvigné : Lambert Eugène, Brault, Vital Chevrel.



         Granitiers dans Les communes voisines :

 Petit à Saint Sauveur des Landes , Robert, Guida Roger à Saint Brice en Coglès , la  coopérative l'Avenir , les Frères Douaglin, Berthaut , Louiche , Noel à Coglès,  Berthelot, Petit , Ramel ,Pelé à Saint Germain en Coglès, Lhermite, Lemé et  Pelé à  Montours, Legal, richeux, Gousset de Fougères, Brignoli de poilley.
 Michaud, Veilleaux, Prodhomme Saint Etienne en Coglès, Berthelot Romagné.
 La coopérative " la Persévérante " de Saint Hilaire des Landes, La coopérative "l'Espèrance" à la Fontenelle, Alfred Jamaux à la Fontenelle, Chauvin, Carnet ,Thébault à Tremblay, Pierre Brault , Cheminant à le Férré.

 1982 carrière de la Vairie  Saint Marc le Blanc exploitée par Lucien Morel 


      L'industrialisation mécanique et l'évolution de la production du funéraire ,      provoquèrent le déclin et la fin des carrières vers la fin des années 80 .



1982 Carrière de la Maladrerie départ en retraite d'un compagnon 

 L'association " les Picaous" a été crée en 1996 sous l'impulsion d'un          tailleur de pierre passionné Joseph Desrues ( président de 1976 à 2009 ) pour  entretenir la mémoire vivante du travail de la pierre dans une carrière de  granit " le Bois des Rochers" elle fut ouverte en 1947 par Eugène Morel ,        l'exploitation cessa en 1987 , une belle carrière !!!! 





                               1963 Carrière du Bois des Rochers  

Société Simon et Gilet : 1946 - 2003

 En 2003 : une grosse entreprise de la commune a fermée ses portes la  société Simon et Gilet , déjà la crise du funéraire se profilait ! 


 Vincent Simon créateur et directeur  de la " COOPE"  s'est installé à son compte en 1946 en ouvrant une carrière au lieu dit ( le feuille) puis un chantier de fabrication de monuments funéraires à la sortie du bourg de Saint Marc sur la route de Saint Brice. 
Il s'associera avec son gendre Francis Gilet pour devenir la société Simon et Gilet , Vincent Simon fut maire de la commune jusqu'à sa mort en 1970 .          Au début des années 80 l'entreprise employait plus de 65 personnes dans une usine mécanisée , un premier dépôt de bilan en 1995  fragilisa l'entreprise ( dégraissage important du personnel ), malgré tous les efforts des dirigeants de la société , les importations massives de monuments fabriqués à moindre coût  mirent la Société Simon et Gilet encore plus en difficulté !

Vue d'avion 1958 , chantier Simon et Gilet  sur la gauche et scierie Jean Maurice 
1962 vue aérienne 







                                  Aperçu des hangars de la société Simon  et Gilet en 2014

Les hangars appartiennent aujourd'hui à la société Rébillon granits , ils sont utilisés comme lieu de stockage , une autre parie est louée à la société TSB 
service maintenance de la société Thibault de Vire (14) (constructeur de machines pour le granit )

doc Rébillon 1966

Granits Roger Lambert : 1961 - 2013

En févier 2013 : l'entreprise Roger Lambert spécialisée dans la fabrication de monuments funéraires a fermé ses définitivement ses portes.




                                               Usine Roger Lambert la Vairie






   
 Entreprise crée en 1961 par Roger Lambert spécialisée dans la fabrication de  monuments funéraires , leader national dans ce domaine elle n'a pu résister à  la mondialisation , elle possédait  des machines de production performantes ,  de vastes locaux , du personnel qualifié  , c'est un gâchis pour la profession !
 Environ 65 personnes œuvraient dans une usine moderne . 
 A l'heure de la retraite Roger Lambert avait vendue son entreprise  très saine  à un financier non issu du secteur pierre. 

Avant la cessation d'activité l'entreprise dirigé par monsieur Volpe n'employait plus que 35 personnes . 
Au cours du mois de juin 2013 après la vente aux enchères du matériel , et des matériaux , Monsieur Roger Lambert succombait subitement à son domicile d' Auray , du à un gros choc émotionnel !!! 

En mars 2011 l'entreprise Morel cessait son activité : 1812 - 2013 



Aperçu du chantier de monuments funéraires décembre 2013 


                                            Forge de la carrière de la Maladrerie


           Aperçu des hangars de la carrière 1982

                                    Chèvre en bois 1951 carrière de la Maladrerie


                                  Treuil année 1900 carrière de la Maladrerie

                                         Vestige: Chèvre en bois année 1900


Vue du fond d'exploitation 1982 ( 40 mètres de profondeur ) 


                          Carrière de la Maladrerie fermée en 1984, remplie d'eau décembre 2013

   Elle fut exploitée pendant plus de  140 ans  dans les années           ( 1920 , 1930, 1950 ) +  de 40 ouvriers travaillèrent sur le site !!! 

Serge Morel le chef d'entreprise prenait sa retraite méritée  au chantier de la Maladrerie ,la famille Morel faisait partie d' une très vieille famille granitière Bretonne , comme  les familles Petit , Hignard , Legal,  une page s'est tournée  six générations de tailleurs de pierre , travaillant le granit  pendant deux siècles !!!! exploitant des carrières à Saint Marc le Blanc , Saint Brice en Coglès , Saint Etienne en Coglès , Saint James , Louvigné du Désert.  

Historique de la famille Morel : 

1 ) Jean - Denys Morel né à Baillé le 24 / 02/ 1792 devint le 1er tailleur de        pierre - cultivateur .

2 ) Toussaint - Denys Morel né le 28 /06 / 1822 à Chauvigné , tailleur de            pierre , carrier  ( il ouvrira la carrière de la Maladrerie )

3 ) Toussaint Morel  dit " Pampille " né le 5/06/ 1852 à la Vesquerie                   ( Sain Marc )  tailleur de pierre , carrier.

4 ) Toussaint Morel dit " petite paffe " né le 21/09/ 09/ 1881 à la Vesquerie        (Saint Marc ) tailleur de pierre maître carrier . 

     Ses enfants

5 ) Toussaint né le 15 /07 / 1909 : Tailleur de pierre, carrier.
     Odette né le 4/05/ 1913 : granitière , veuve de Pierre Brault ( Louvigné ) 
     Eugène né le 14 /07/ 1920:  tailleur de pierre, carrier.
     Lucien né le 12/04/ 1925 : Carrier

Les enfants d'Odette née Morel : 

Pierrette Brault épouse Quentin : Granitier, carrière de Godart ( Louvigné)
Pierre Brault : Granitier , carrière Atrè Saint James (50)

Les enfants d'Eugéne Morel

6 ) Serge Morel né 21/03 / 1951 : Granitier , tailleur de pierre.
     Alain Morel né le 24/07/ 1956 :Tailleur de pierre , formateur dans les métiers de la pierre  au CFA , UNICEM de Louvigné du Désert . 

Toute une dynastie " six générations"  au service de la pierre , le granit !!!!


il ne reste à ce jour qu'une seule exploitation la carrière du Rocher hue situé à 2 km du bourg de Saint Marc le Blanc . Très bon gisement ou sont tirés uniquement des blocs marchands .
Ouverte et exploitée dans les années 20  par la coopérative les Granitiers Réunis jusqu'à sa fermeture en 1979 , la société Simon et Gilet a ré-ouvert la carrière dans les années 80 jusqu’à la fermeture de la société en 2003 . La société Clolus de Lanhélin a pris le relais , ensuite la société Emile Rébillon de Baillé et maintenant elle appartient au groupe Loisel LTP sa .
Ils utilisent des méthodes d'extraction moderne découpe au fil diamanté .






"le Coglais est une terre de granit" 

 Et il le restera tant qu'il y aura des passionnés " les picaous" organisent  chaque été une manifestation atypique , dans un cadre insolite

 " la musique fait carrière"  des tailleurs de pierre en action, des sculpteurs ,  un atelier découverte sur pierre tendre, un baptême d'un apprenti pour    entretenir la tradition , rencontre avec des passionnés !! le tout ponctué de    concerts , dans une ambiance festive et conviviale . 



Joseph Desrues ( casquette crème )  président des "picaous" 1996 à 2009 ( date de son décès)
 De jeunes apprentis tailleur de pierre viennent chaque été s'initier à la    sculpture sous l’œil bienveillant de nos aines ! qui aiment toujours le roc !!!





 Egalement le jeudi de l’Ascension la carrière est ouverte au public pour    entretenir la tradition , sur un air de musique . 

 NB : Fête des tailleurs de pierre , les apprentis étaient baptisés (avec des  surnoms ) qui restaient pour certains toute la vie ! les patrons  restauraient  leurs ouvriers dans la bonne humeur , le tout bien arrosé !!! 
 Les conditions de travail étaient difficiles , mais il y avait entre ouvriers et    patrons une certaine solidarité .

1996 chantier de taille " la musique fait carrière"


Alain Morel tailleur de pierre 


Bibliographie : 

   Jérome Cucarull :  Le granit en Ille et Vilaine . Une économie,des hommes un patrimoine..

              Serj Le Maléfan :  Granites de Bretagne. Une pierre, des  paysages, et des hommes.

 Archives départementales d' ille et Vilaine  


Sylvain Blais : Géologue 

             Toussaint Morel :  Arbre généalogique de la famille Morel 



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